A l'an que ven!
Si se siam pas mai, qué siguem pas mens!
L'esprit Provençal arrive jusqu'à vous!
"Bon bout d'an", comme il se dit ici!
"A l'an que ven", comme il se répond là!
Et le mistral glacial, emporte sur son passage les mots à venir qui se murmurent, se devinent!
D'un regard entendu, rapide,
Chacun s'en retourne drapé, improbable houppelande,
Le capeou enfoncé jusqu'aux yeux,
Silhouette courbée, en lutte, pour se frayer passage.
Ainsi vont les hivers en Provence,
Où nul ne s'attarde en ces frimas grinçants,
Où même le soleil n'ose trop s'y montrer,
Où la lune clémente drape de sa cape,
La voûte étoilée comme un doux manteau.
Le paysage s'estompe en cette toile voilée,
Où les monts se devinent en ces campagnes en plaintes,
Comme une complainte qui rejoint les crépitements des feux de bois.
Feux de bois, feux de joie, en ces cheminées qui fument et refoulent,
Car malin, le Mistral s'y engouffre aussi pour s'y réchauffer un peu,
Gagner en ardeur, resouffler de plus belle, au grand désespoir des gens d'ici,
Qui décidément n'en demandaient pas tant,
De cet hiver qui est bien là,
Comme si le Sud était monté au Nord,
Et que chacun y perdait ses repères, son accent!
Bon bout d'an!
Il faut tenir en ce Mistral furieux,
L'an ven!
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